L’enfant, au cours du processus de séparation de ses parents, peut être confronté à une situation de « conflit de loyauté » lorsqu’il est coincé entre deux objets de loyauté » concurrents que sont ses parents.
C’est pourquoi, ce conflit s’inscrit dans le cadre de la relation triangulaire qu’il constitue avec eux. Pris entre leurs désirs conflictuels, l’enfant peut être contraint, consciemment ou pas, de choisir l’un contre l’autre, surtout lorsque la colère et le rejet réciproques se sont installés entre eux de façon durable.
« On parlera de conflit de loyauté toutes les fois que l’enfant sera empêché d’exprimer clairement à l’un et à l’autre de ses parents le désir et la satisfaction qu’il éprouve à être en contact avec l’autre parent. Cela peut être lié à des interdits explicites d’un des parents, mais la plupart du temps cependant, il s’agit de quelque chose de beaucoup plus insidieux et qui part de la situation suivante: l’enfant, qui croit être à l’origine de la séparation de ses parents, est dans une recherche de réparation destinée à évacuer une culpabilité qui le confirme dans un sentiment pénible de trahison » (Sury Jean-Claude, L’enfant en prise avec des conflits de loyauté lors de la séparation de ses parents, « Apports de la médiation familiale », Colloque 98).
Le conflit de loyauté s’exprime de différentes façons:
- l’enfant témoigne à l’égard de l’un de ses parents un attachement, une attitude fusionnelle et une complicité qui se traduisent parallèlement par une distance, une indifférence, voire une méfiance ou un rejet à l’égard de l’autre parent,
- à travers des actes de la vie quotidienne, dans la scolarité (réussite ou échec scolaire) ou les activités de loisir (sport, musique…),
- par des phénomènes de somatisation, qui traduisent un trouble de la symbolisation et un dysfonctionnement dans les processus d’identification,
- par le parti-pris qu’adopte délibérément l’enfant pour le parent qu’il estime victime de la rupture. L’enfant s’attache à soutenir ce parent là, ce qui peut conduire à sa parentification.
La médiation familiale peut offrir un espace de parole aux parents, leur permettant d’aborder les principaux thèmes relatifs à leur séparation, d’exprimer leurs conflits, notamment concernant l’exercice de l’autorité parentale et, au mieux, de les dépasser. Ils peuvent aussi prendre conscience que le comportement de leur enfant est significatif d’un conflit de loyauté qui peut lui être préjudiciable.
Le médiateur familial étudie alors avec les parents les attitudes qui permettront à leur enfant de comprendre qu’il n’est effectivement pour rien dans leur séparation.
Ainsi, la médiation familiale permet aux parents de mettre en mots leurs conflits et de les apaiser, ce qui entraîne leur responsabilité effective. Les enfants sont alors déchargés du poids de la culpabilité inhérente à la séparation. Ils peuvent de ce fait retrouver un développement tout à fait acceptable, leur place et leur statut d’enfant.