Du contentieux à la nécessaire négociation
Les couples qui se séparent ou qui divorcent vivent un profond désarroi, notamment ceux qui sont en situation particulièrement conflictuelle, parfois depuis des années.
Quand ils se décident à aborder, en médiation familiale, leurs différends, soit de leur propre fait, soit sur l’injonction d’un Juge aux Affaires Familiales, les deux protagonistes ont fini par détruire le couple qu’ils ont formé autrefois et l’image idéale qu’ils s’en étaient forgée.
Dans cette entreprise, ils ont souvent mis à contribution tous les moyens possibles et, surtout, « utilisé » leur enfant (enfant « otage ») dans la « guerre » impitoyable qui les oppose, parfois depuis longtemps.
Pour en arriver à effectuer cette démarche conjointe de médiation, c’est qu’ils ont fini par comprendre implicitement que tout le processus contentieux qui a précédé, non seulement n’a rien apporté, en entretenant le conflit, aucune paix intérieure mais, qu’au contraire, il a ravivé les blessures, ce qui est préjudiciable aussi bien à eux qu’à leur enfant.
Pour la première fois donc, et souvent depuis longtemps, les voilà côte à côte, face au médiateur, formant à nouveau un « couple », le « couple parental », dans cet espace-temps qui leur est réservé: le cadre de la médiation familiale.
Car, s’ils ont « accepté » d’entreprendre cette démarche, c’est avant tout en tant que parents, imbus de leurs prérogatives, soucieux du bien-être actuel et futur de leur enfant, imprégnés de la puissance et de la responsabilité que leur confère leur statut de père et de mère.
La revendication de cette position est souvent passée par le dénigrement de l’autre, relégué à la place de « mauvais objet », de « mauvais parent ».
C’est pourquoi, l’enfant, non seulement a servi de prétexte initial à l’expression de la demande et a, pour ainsi dire, « contraint » ses parents à une démarche de conciliation, mais il restera tout au long le moteur sous-jacent du processus de médiation et de l’élaboration qui en découle.
Au final, l’enfant sera le bénéficiaire du travail accompli: travail de deuil du couple conjugal, travail de reconstruction de la parentalité.
L’enfant est donc au cœur de la Médiation Familiale, du début à la fin du processus.
Pour chaque parent, il est à la fois un enfant bien réel mais aussi celui qui a engendré toute une fantasmatique autour de sa naissance et de son inscription dans chacune des deux lignées familiales. Il est le fruit de la projection des parents, l’expression de leur psyché commune,en révélant certains aspects et en cachant d’autres.
Dans la rencontre singulière entre les parents et le médiateur familial, l’évocation de l’enfant va permettre l’évolution du conflit conjugal, la négociation et l’avancée du processus d’individuation-séparation. Cela implique une participation active des différents protagonistes, les parents certes, mais aussi le médiateur familial qui a un rôle pivot et une position de tiers « engagé », qui vient soutenir le désir des parents à s’inscrire, malgré tout, dans leur coparentalité.